Définition de GRIS, E

Le mot recherché n'existe pas
Essayez ces orthographes :
DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : grî, gri-z'

DÉFINITIONS

1
Qui est de couleur entre blanc et noir, de couleur de cendre.
Certaine fée un jour était souris ; C'était la fatale journée Où l'ordre de la destinée Lui faisait prendre l'habit gris
de LA MOTTE dans Fabl. V, 20
Papier gris, papier qui n'a pas de colle et qui sert à filtrer.
Vin gris, vin très paillet.
Patrouille grise, ronde d'agents de police qui fait un service de sûreté pendant la nuit, et qui ne porte pas d'uniforme, mais qui est couverte de manteaux gris.
Soeur grise, espèce de religieuse qui sert les malades, et qui porte un costume gris.
Monseigneur fut enseveli, les uns ont dit par des soeurs grises, les autres par des frotteurs du château
Sémantique : Terme d'anatomie. Substance grise de l'encéphale, substance de couleur grise qui est distribuée dans certaines parties de l'encéphale.
2
Il se dit de la nuance des cheveux qui par l'âge perdent leur couleur naturelle.
Les ridicules aventures D'un amoureux en cheveux gris
de François de MALHERBE dans III, 3
Il me sied bien, ma foi, de porter tête grise, Et d'être encor si prompt à faire une sottise
Qu'il y a d'enfants à cheveux gris, et qu'il y a d'enfants dans le monde, puisque nous n'y voyons autre chose que des hommes faibles en raison et impétueux en désirs !
Sémantique : Familièrement. Être tout gris, avoir les cheveux gris.
3
Sémantique : Par extension, sombre.
La nuit venait, et déjà ses mains grises Sur la nature étendaient ses rideaux
Temps gris, temps couvert et froid.
Nature : Elliptiquement. Il fait gris.
4
Sémantique : Terme d'imprimerie. Lettres grises, grandes lettres gravées sur bois ou sur cuivre, qui ont des vides de manière à n'être pas tout à fait noires, et dont on se sert au commencement des chapitres.
5
Sémantique : Fig. Qui est déplaisant comme quelque chose de sombre. Faire grise mine à quelqu'un, lui faire mauvais visage.
L'inconsolable dame Élise, Faisant une mine bien grise
Sémantique : Populairement. En voir de grises, éprouver de grandes contrariétés.
En faire voir de grises, faire éprouver de grandes contrariétés.
6
Sémantique : Fig. et familièrement. Être gris, être à moitié ivre.
Il est gris dès le matin
C'est peu d'être gris, Amis, soyons ivres
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Scandale.
7
Nature : S. m. La couleur grise.
Les gris blanc, gris sale, gris brun, de castor, de Bréda et toutes autres sortes de gris
dans Règlem. sur les manuf. août 1669, Teint. en soie, laine et fil, art. 69
Gris de ramier
dans ib. art. 15
Gris tannés
dans ib. art. 16
Les gris plombés
dans ib. art. 29
L'intérieur était d'un gris de souris fort lustré
de Charles BONNET dans Observ. 1, Insect.
Gris de lin, couleur qui participe du blanc et du rouge.
Dans les derniers tournois, Monseigneur portait ses couleurs ; quelles sont ses couleurs ? l'aurore et le gris de lin
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Jeanne de France, t. II, p. 11, dans POUGENS
Adjectivement (emploi où le mot gris reste invariable et où l'on met un trait d'union). Couleur gris-de-lin. Étoffe gris-brun. Des habits gris-brun. Étoffe gris-de-perle.
N'est-elle pas rouge [la cassette] ? - Non, grise. - Hé oui, gris-rouge, c'est ce que je voulais dire
De quelle couleur me conseilles-tu de le prendre ? gris-de-fer ou gris-demore ?
de BRUEYS. dans Avoc. Pat. I, 3
Un cavalier vêtu de velours gris-blanc
Dans les pays du nord il y en a de toutes couleurs [des renards], des noirs, des bleus, des gris, des gris-de-fer
Elle [l'hirondelle de rivage] a toute la partie supérieure gris-de-souris
Sa lumière gris-de-perle [de la lune] descendait sur la cime indéterminée des forêts
Sémantique : Fig.
Si les pensées n'y sont pas noires, elles y sont au moins gris-brun
Tu verras les maris sourire avec un visage gris-brun
de DALLAINVAL dans École des bourg. III, 12
8
Sémantique : Terme de vétérinaire. Le gris, robe du cheval caractérisée par un mélange de poils blancs et de poils noirs. On distingue plusieurs variétés : le gris très clair ; le gris clair ; le gris ordinaire ou cendré ; le gris foncé ; le gris ardoisé ; le gris de fer. Les espèces gris tourdille, gris étourneau, gris sale, sont dues à des modifications particulières de la nuance générale.
Gris pommelé, se dit du poil des chevaux, qui est mêlé de blanc et de noir.
9
Habillement gris. Il ne porte que du gris.
Il est un petit homme Tout habillé de gris Dans Paris
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Petit h. gris.
10
Petit-gris, voy. PETIT-GRIS, à son rang.
11
Gris-perlé, sorte de mauvais champignon.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Un petit mantel gris
dans Ronc. p. 24
2
XIIIe s.
Il la recouvrent chaut et de gris [petit-gris] et d'ermin
dans Berte, LV
3
XVe s.
De Cisteaux qui est ordre grise [ordre portant le gris ou plutôt le blanc]
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 559
Et pareillement ne exposeront en vente gris en bote qui ne soit bon et loyal ; et seront tenus mectre gris d'aumusse fin, gris entre fin et le moindre gris chacun à part, sans les mesler les ungs par les autres
dans Ordonn. juillet 1486
Faire grise mine et mauvais recueil ausdites masques
dans Aresta amorum, p. 417, dans LACURNE
4
XVIe s.
Ventre saint gris, que tu es aise
de Clément MAROT dans I, 213
J'ay bon vouloir, respond la teste grise
de Clément MAROT dans II, 299
Quel visage eus-tu d'elle ? - Gris
de Clément MAROT dans I, 202
Sous du gris ou du bureau habite bien souvent un courage de pourpre
Laisse le gris [froc] et son austerité
Quatre grands roussins gris-pommelez
de Vincent CARLOIX dans VIII, 28
Gris de lin, gris d'esté.... gris de ramier, gris perlé, gris argenté

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. gris ; espagn. et portug. gris, petit-gris ; ital. griso, grigio ; bas-lat. griseus du IXe siècle ; du germanique : ancien saxon, gris, qui a les cheveux blancs ; allem. mod. Greis, vieillard. Comme grec s'est dit gris, Génin, Récréat. t. I, p. 137-144, a prétendu que gris venait de là ; mais l'antiquité de griseus ne permet pas une pareille étymologie ; il a pensé aussi que gris dans le sens d'un peu ivre représentait le latin graecari, faire la débauche, faire le grec ; mais gris en ce sens paraît récent, du moins l'historique n'en offre pas de trace ; il faut donc y voir un mot de plaisanterie pour indiquer l'état entre le blanc et le noir et figurément entre la raison et l'ivresse.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Ajoutez :
Nature : Substantivement. Le gris s'est dit autrefois pour vent de bise, vent froid.
Vendeur de gris, nom d'une statue qui était sur la place du parvis Notre-Dame, et qui y resta jusqu'à 1745 ; à cause de sa situation sur le bord de la rivière, domaine du vent, le populaire l'avait ainsi baptisée.
Hé quoi, madame la statue.... Depuis que vous vendez du gris à tous les simples de Paris
dans les Révélations du jeûneur, p. 3, Paris, 1649, dans CH. NISARD, Parisianismes, p. 129
Les Parisiens d'abord envoyaient au vendeur de gris, pour acheter de sa marchandise, les nouveaux venus de la province aux dépens desquels ils voulaient s'amuser ; c'est ainsi qu'aujourd'hui on envoie un garçon simple et crédule acheter chez l'épicier de l'huile de cotret
de CH. NISARD dans ib. p. 130
2
Ajoutez :
Nature : Substantivement. Le gris d'officier, une légère ivresse...
Soit un commencement d'ivresse, le gris d'officier, soit enfin l'ivresse proprement dite
de Dr DANET dans Monit. univ. 10 août 1868, p. 1183, 3e col.
3
Bois gris, se dit, dans le commerce des bois, par opposition à bois pelard.
On cote les bois gris de 120 à 125 fr. le décastère ; les bois pelards, de 112 à 115 fr. ;.... les falourdes grises, 38 fr. ; les falourdes pelards, de 58 à 60 fr. le cent
dans Journ. offic. 5 janv. 1874, p. 127, 1re col.

Termes proches de GRIS, ISE